Comment redresser le bateau ?

Traduit de l’anglais par Jean-Baptiste DUPONT

Il y a quelques semaines, une discussion très intéressante a eu lieu sur les différentes techniques pour redresser son bateau… en bref, il faut le redresser et le redresser vite pour ne perdre que le minimum de temps bien sûr… toutefois les éléments s'ingénient à compliquer la situation…

Voici la méthode académique qui, avouons-le, ne s'adapte pas vraiment bien au 5o5 :

D'après Johan Saayman,

Lorsque j'allais à l'école de voile, l'instructeur nous apprenait que si l'on chavirait, l'équipier devait immédiatement nager jusqu'à l'avant du bateau et le tenir. Il jouait le rôle d'ancre flottante ce qui permettait au bateau de se mettre bout au vent. Pendant ce temps, le barreur monte sur la dérive et redresse le bateau, monte à bord et remet tout au clair. Il n’y a aucune chance pour que le bateau ne se retourne à nouveau. L'équipier monte à son tour et les voilà repartis…

En fait cette méthode s'applique très mal au 5O5 et voici pourquoi :

Tout d'abord on perd beaucoup de temps à nager jusqu'à l'avant, ensuite il est très difficile de rester accrocher à l'avant du bateau lorsque celui ci s'est redressé et très souvent l'équipier ne peut rester accrocher au bateau lorsqu'il revient au niveau du hauban… il nage, nage encore, nage sans pouvoir rattraper le bateau… Alors quelles sont les alternatives ?

 

D'après Graham Alexander,

Une technique que je n'ai pas encore vue mentionnée à propos de resalage lorsque le bateau est sous le vent du gréement est la suivante :

Tout d'abord voici pourquoi cela arrive ; la coque du bateau est franchement large et par son propre fardage, elle constitue une sacrée voile par elle-même. Si le vent est plutôt fort ou l'équipage trop lent, le mât et sa voile font comme une ancre flottante et la coque est poussée sous le vent du gréement. Une manœuvre d'abattée suivie d'un chavirage aboutira au même résultat. Si le bateau n'est pas resalé rapidement, même s'il n'est pas complètement retourné, les voiles agiront comme une ancre flottante et la coque du bateau se mettra sous le vent. Il faut accepter que cela se passe ainsi si vous n'êtes pas assez organisés et rapides, par vent fort vous aurez à redresser le bateau avec le mât pointant au vent. Les catamarans ont tendance à faire la même chose.

De toute évidence, si l'on redresse le bateau dans cette situation, le mât se redresse si vite qu'il y a peu de chance de ralentir le mouvement et vous êtes bon pour un nouveau chavirage suivi d'un retournement complet. Un marin débutant à Hoover, il y a quelques années, réussit à faire cette manœuvre à peu près 25 fois et il parcoura ainsi toute la largeur du lac. Ce dut être une après-midi bien fatigante pour ce gars là !!!

Au lieu de redresser immédiatement le bateau à ce stade, ATTENDEZ !! Cela va vous faire gagner du temps et de l'énergie. Dès que la grand voile se regonfle par-dessous, mais avant que le haut du mât ne commence à décoller de l'eau, penchez-vous sur le liston et maintenez le haut du mât dans l'eau, le truc est de n'avoir que le bout du mât hors de l'eau. Après 30 secondes environ, le bateau aura pivoter et le mât se placera perpendiculairement à la direction du vent et le bateau est bout au vent. Je sais que cela ressemble à de la magie noire mais çà marche vraiment. Ensuite, naturellement, redresser le bateau lorsqu'il est bout au vent normalement.

L'avantage c'est qu'il n'est nul besoin de quelqu'un dans l'eau (c'est un avantage capital au printemps et quand l'eau est à 10 degrés). Il n'y a pas besoin de nager furieusement pour maintenir l'étrave bout au vent. Il n'y a pas à avoir peur du coup de bôme au moment ou elle passe violemment de l'autre côté sous le vent. Bien sûr cela demande un peu de self control d'attendre comme cela que le bateau pivote, mais à chaque fois que j'ai vu un équipage essayer cette technique, cela a très bien marché. Si l'un de vous est dans l'eau, il faut aller nager jusqu'au niveau du hauban dans l'eau et au fur et mesure que le bateau se redresse en roulant, se laisser remonter dans le bateau. Dans ce cas, n'attendez pas aussi longtemps car vous souhaitez que le vent vous aide à hisser la personne à bord ce qui se produit puisque vous avez attendu moins longtemps et que donc le bateau n'est pas encore tout à fait bout au vent.

La méthode marche parfaitement en eau plate, mais je l'ai aussi expérimenté avec succès pendant le championnat du monde de 71.

Le Tornado a le même comportement, leur trampoline fait à peu près 10 mètres carrés. Lorsqu'ils sont enfin sortis de l'eau, ils peuvent se redresser si vite que vous n'êtes même pas sûr que les deux coques ne sont pas en l'air simultanément un court instant. Dans ce cas, l'équipier saute sur la coque à laquelle il se tient et s'accroche à la coque, soit sous l'eau ou s'il est devant le trampoline, sur le dessus de la coque, empêchant ainsi le bateau de se retourner à nouveau.

Graham Alexander, 614 424 7709 w, 614 861 1491 h; Columbus, Ohio

Un de mes amis m'a appris une bonne façon de s'assurer que personne ne reste accrocher au bateau et ne provoque un retournement complet du 5O5. Il était l'équipier et au moment où nous avons chaviré, il rentra du trapèze et s'assit sur le liston, décroché et pivoté vers l'arrière en passant ses jambes par l'arrière de la position de l'équipier. Son pied arrière m'a percuté le menton et rejeté en arrière à l'eau, de cette façon il s'assurait que c'était lui qui allait se tenir sur la dérive et que c'était moi qui restait à l'eau pour m'occuper d'affaler le spi et tout le toutim !!!

Cela a très bien marché pour lui s'entend, le bateau ne se retourne pas, et vous repartez rapidement. Et vous vous retrouvez à la barre pour de nouvelles trempettes…

Andy Williams; GBR8445

À suivre avec la présentation de cette technique particulièrement rapide et efficace, le "Ressalage de la Mort" !!!!!