Le succès en Europe dépend énormément de la bonne adéquation mât/voile en fonction du gabarit du barreur. Les fournisseurs de matériel réputés de la classe vous fournirons des conseils avisés sur ce point. Cependant il faut rester très vigilant lorsqu’il s’agit d’un achat d’occasion.
Un mât adapté à un gabarit de 65 kg peut soudain devenir parfait pour ce jeune barreur de 55 kg, si le vendeur est peu scrupuleux. Racheter son matériel à un barreur de gabarit similaire au vôtre peut être une bonne idée.
La quête est le réglage fondamental en Europe. On la mesure entre la manille de la drisse en position hookée et le haut du tableau arrière. Mesurez et notez systématiquement votre quête avant et après chaque sortie. Il n’y a pas de solution miracle car la quête dépend du gabarit du barreur et de la longueur de la chute ce qui occasionne des différences notables. Pour démarrer vous pouvez travailler avec les valeurs indicatives du tableau ci-dessous.
Pour d’autres voiles on peut approcher le réglage de base en positionnant la bôme 15 à 20 cm au dessus du tableau arrière lorsque la voile est hissée. Dans le petit temps on bascule le mât en arrière et quand le vent monte on rebascule vers l’avant (la quête avant est maxi dans le medium lorsqu’on peut utiliser la puissance de la voile). Dans la brise certain coureurs remettent un peu de quête arrière dans la brise pour réduire la puissance.
À partir de 7 nœuds de vent on peu amener la bôme sur le pont, la quête devient alors le réglage principal de la tension de chute. Ainsi basculer le mât vers l’avant favorise le cap au détriment de la vitesse (la chute est tendue). À l’inverse, mettre de la quête arrière favorise la vitesse au détriment du cap (la chute ouvre facilement, le bateau est plus tolérant). Le réglage de quête est interdit en navigation, il faut donc définir un réglage moyen qui autorise une adaptation aux variations des conditions météo.
Le près
Excepté dans le tout petit temps, il est essentiel de naviguer au prés avec la bôme posée sur le pont. Dans le petit temps donc, on essaie de conserver la bôme aussi basse que possible. On ajuste la tension de chute pour éviter de décrocher les penons de chute. Si cela arrive il faut choquer pour recoller l’écoulement puis border à nouveau et descendre la bôme.
Le cunningham et la bordure arrière contrôlent la forme de la chute ; la tension de la bordure fait ouvrir le tiers inférieur de la chute et le cunningham, le tiers supérieur. Le cunningham a un effet très important sur la gestion de la puissance de la voile. Visuellement on observe les effets du cunningham par la disparition progressive des plis horizontaux sur le guindant. Dans le petit temps on laisse des plis sur le guindant ce qui correspond à une chute tendue et une attaque fine. Dans la brise on tend le cunningham à bloc (jusqu’au vit de mulet) pour ouvrir le haut de la voile et ainsi réduire la puissance mais aussi pour rendre le bateau plus tolérant aux risées et faciliter la conduite dans les vagues.
La bordure arrière fonctionne sur le même schéma en étarquant on aplati progressivement la voile et on fait ouvrir le bas de la chute réduisant ainsi la puissance da la voile. Cela dit dans le petit temps on étarque un peu la bordure pour affiner la voile et faciliter la circulation de l’air autour de la voile et privilégier les accélérations. Le creux maxi est utilisé dans le médium avec clapot où il faut toute la puissance.
Cunningham et bordure arrière seront plus efficaces si on les utilise en accord avec la barre d’écoute. Recentrer la barre d’écoute favorise le cap mais il faut ouvrir la chute pour ne pas bloquer le bateau. Inversement pour optimiser la vitesse il faut amener la bôme sur le pont tout en maintenant une chute suffisamment tendue pour conserver un compromis cap vitesse correct. Dans ce cas, choquer de la bordure arrière et du cunningham aide à tendre la chute.
En conclusion le réglage optimum au prés est un compromis permanent pour adapter l’ensemble mât/voile aux conditions du moment.
Ainsi dans du medium on bordera pour amener la bôme 3 à 4 cm à l’intérieur du caisson au contact du pont et on adapte les réglages selon l’état de la mer et les choix tactiques (cap ou vitesse). Dans la pétole, il est possible de centrer un peu plus la bôme mais il faudra limiter la tension de chute pour conserver les possibilités d’accélération (on centre la barre d’écoute et on choque un peu d’écoute).
Autre exemple : dans la brise la barre d’écoute est choquée à fond mais il faut en plus choquer l’écoute pour amener la bôme environ 10 cm à l‘extérieur par rapport au coin du tableau arrière (on privilégie la vitesse et la conduite dans les vagues, le cap est obtenu par un travail de la dérive dans de bonnes conditions hydrodynamiques).
En plus des réglages traditionnels (hale-bas, cunningham, bordure), l’Europe possède un réglage complémentaire : la bordure avant (amure). La plupart du temps on laisse ce réglage mou ou à peine tendu. On ne l’étarquera que pour obtenir de la puissance afin depasser les vagues. Cela ramène le volume sur l’avant (attaque plus ronde).
Au prés on utilise le hale-bas uniquement pour améliorer la relance en sortie de virement de bord, mais il ne doit pas être tendu une fois l’écoute rebordée.
Le portant
Au portant, le hale-bas devient le réglage principal. En général, bordure et cunningham sont relachées et la forme de la voile est controlée par l’écoute et le hale-bas. Les penons de chute et de guindant sont très utiles pour ajuster la tension du hale-bas. Vous devez régler de manière à avoir le penon de la latte supérieure qui reste laminaire environ 50% du temps, avec les penons de guindant supérieurs et inférieurs sous le vent qui décrochent en permanence. Des penons installés en milieu de voile sont très pratiques au portant. Les deux cotés doivent rester laminaire la plupart du temps.
La dérive
Au prés, la position de la dérive est très importante pour gérer la puissance. Dans les petits airs elle doit être descendue à fond et verticale. La plupart des voiles nécessitent que la dérive soit avancée au maximum dans le puit, mais si vous avez une chute vraiment courte il peut être nécessaire de la déplacer vers l’arrière pour retrouver un bon équilibre (elle doit rester verticale). Au fur et à mesure que le vent monte la dérive est progressivement basculée en arrière. Un fois basculée à fond, le seul moyen de continuer à réduire encore la puissance est de la relever.
Dans la brise le haut de la dérive monte jusqu’au pont.
Vent arrière il est très payant de relever la dérive au maximum, jusqu’à la limite de l’instabilité. Il faut en garder juste assez pour éviter d’engager le roulis rythmique (n’oubliez pas de la redescendre pour empanner).
Bonne navigation.