Penons, faveurs, rubans, indicateurs, bouts de laine, nos petites faveurs
ont bien des noms différents ; mais peu importe le nom qu'on leur donne, c'est
une aide primordiale pour barrer et régler ses voiles…
Par Mikko Brummer WB-Sails
Traduit de l’anglais par Jean-Baptiste DUPONT
Comment les
utiliser ?
Les penons permettent
de régler les voiles et de barrer le bateau plus facilement. Il n’est pas
conseillé de coller trop de penons dans les voiles car la voile est un sport où
l'on dispose de bien plus d'informations que l'équipage ne peut en traiter,
alors il faut faire simple. Dans cet article on explique quels sont les penons
qui sont nécessaires et suffisants tout à la fois. Nous recommandons de ne pas
installer plus de penons que ce qui est décrit dans cet article. Les penons de
la chute doivent être confectionnés dans une bande de nylon solide. En principe
ils ont été posés par votre voilier. Les penons du guindant doivent être en
laine avec un support autocollant collé
à la voile. (Note du traducteur : Les penons de guindant en
nylon colleraient à la voile lorsqu’il pleut ou bien sous les embruns. Les
bouts de laine sur la chute ne se verraient pas assez, d’où la recommandation
de Mikko)
Les penons de la
grand voile
Dans la grand voile,
seuls les penons de la chute sont utiles. On les coupe dans du nylon de 2/3 cm
de large et ils sont cousus à l'extrémité des goussets de lattes. La bonne
longueur est entre 10 à 30 cm. En course, les penons colorés sont mieux sauf si
vous naviguez de nuit où les penons blancs sont bien plus visibles sur le ciel
sombre. C'est la raison pour laquelle, les penons des croiseurs sont plutôt
blancs.
(Note du traducteur :
Sur nos voiles de 5O5, le penon primordial est celui de la latte forcée de la
grand-voile qui permet de parfaitement régler le flux qui s’écoule sur la
surface de la voile – notamment dans le petit temps ou au largue sous spi.)
Barrer à l'aide
des penons
Les penons du guindant
de la voile (sa partie avant) sont utilisés pour barrer au près (NdT : ce
sont les penons du foc pour le cinquo). Si vous remontez trop, le penon au vent
est perturbé, c'est à dire qu'il pointe en l'air ou pire qu'il est ramené vers
l'avant ou pire encore qu'il s'enroule et se tortichonne sans arrêt. Si au
contraire vous ne remontez pas assez, les penons sous le vent pendent
lamentablement et semblent morts ; c'est le signe d'une grosse erreur de barre
! Ces penons sous le vent devraient toujours être linéaires dans l’écoulement
laminaire du vent. Si les penons sous le vent sont déventés, l'équipier doit
régler le foc en relâchant l'écoute jusqu'à ce que le barreur reprenne le cap
normal. Si les penons sous le vent sont déventés, c’est que tout le foc est
déventé. Il perd alors sa poussée propulsive et seule sa poussée latérale agit
sur le bateau et le fait gîter. Les penons au vent peuvent indiquer différentes
choses suivant la force du vent : Dans la brise légère, le réglage et le
cap sont corrects lorsque les deux penons au vent et sous le vent sont
linéaires. La vitesse maximum est atteinte lorsque l'on remonte très haut de
façon que les penons soient à la limite d'être déventés sans jamais l'être. Dans
la brise moyenne, la vitesse maximum est atteinte lorsque le penon au vent a
tendance à monter à intervalles réguliers. Penon 1, penon 2, penon 3 - saut -
penon 1, penon 2, … Si le vent monte, les penons ne sont plus très importants pour
indiquer le bon cap. On barre alors le bateau en fonction de la gîte et de la
vague et l'on ne s'inquiète pas des penons au vent.
Barrer au VMG
(Comme le
diagramme ci contre l'illustre, le VMG est la composante de la vitesse dans la
direction de progression d’où vient le vent, ce qui compte en 505 c'est de
progresser le plus vite possible dans cette direction ce qui n'est souvent pas équivalent
à remonter au maximum puisque le bateau plane au près dès la force 3 et ce
planning donnera un meilleur VMG que de piper.)
Les penons du
guindant de la voile (du foc en 5O5) sont très utiles pour barrer au près. En
barrant selon les penons dans les vents légers à médium, on maximise en
principe le VMG, c'est à dire votre vitesse en direction de la marque au vent. Un
bon VMG ne signifie pas que l'on va à la vitesse maximum du bateau, mais il
indique le compromis idéal entre la vitesse du bateau, le cap et la dérive due
au vent.
Les penons de la
chute
Le foc et la grand
voile doivent tous les deux avoir trois penons de chute qui sont utilisés pour
border correctement les deux voiles. Les penons de la chute, tout comme ceux du
guindant, sont les plus utiles dans la brise légère. Le penon de l'extrémité du
gousset de la latte forcée est essentiel pour régler le vrillage de la grand
voile. Si le penon passe derrière la voile, la voile est trop bordée et elle n'a
pas assez de vrillage. Dans le vent léger, le penon du haut doit être linéaire
la moitié du temps environ. Si le vent force, la voile s'aplatit et tous les
penons sont linéaires.
Les deux penons de la
chute qui se trouvent en dessous du penon de latte forcée donnent une
indication de la forme générale de la voile. Si le penon de latte forcée est
laminaire mais que le second est déventé, votre grand voile est ou bien trop
pleine ou le haut de la voile est trop plat ; accroître le cintre du mât au
milieu résout en général le problème. Le déventement du penon du bas peut
indiquer également que le foc n'est pas assez bordé et provoque une séparation
du flux de l'air sur l'extrados de la grand voile (partie sous le vent de la
voile). En resserrant la fente (ou cheminée) entre les deux voiles par
l'avancement du point de tire l'on remédie à ce problème.
L'écoute de grand
voile est le réglage le plus important sur votre bateau, et le penon de la
latte forcée en est le plus important indicateur. La tension de l'écoute de
grand voile dépend de votre bateau ; mais il faut utiliser le penon de latte
forcée pour les réglages.
Les penons de chute du
foc
Les penons de la chute
du foc se comportent quelque peu différemment de ceux de la grand voile. Il ne
faut jamais border le foc si plat que tous les penons de la chute soient
déventés ! Avant de l'être, ces penons deviennent mous et ne bougent pas
beaucoup ; c’est le point maximum. Le penon supérieur est ici aussi le plus
important car il est le premier à réagir à un mauvais réglage. Avec certains
focs dont la forme n'est plus adéquate, le penon supérieur continue à être
linéaire alors que celui du milieu est déventé - dans ce cas il faut régler le
foc en choquant l'écoute. Sur d'autres vieux focs, la chute commencent à se
courber vers l'intérieur et dans ce cas les penons ne donnent pas une
indication fiable.
Où coller les
penons sur le triangle avant ?
On installe les
penons au quart supérieur et à la moitié de la longueur de la chute du foc. Sur
nos 505s, on installe deux paires de penons de guindant à environ 20 cm en
retrait du bord d'attaque et environ à 70 cm du pont. Il ne faut pas fixer les
penons au vent et sous le vent à la même hauteur mais il faut les décaler de 3 cm
environ celui tribord étant placé plus haut. Car en naviguant à contre jour il
serait difficile de distinguer les penons au vent et sous le vent. Si vous avez
oublié quel est le penon le plus haut, regardez la grand voile car la règle est
la même pour le jeu de voiles.
Il est bon d'avoir
deux jeux de penons de guindant. L'un doit être installé un peu plus haut et un
peu plus près du bord d'attaque. Les penons plus éloignés du guindant sont
moins sensibles et vous devrez lez utiliser dans la mer difficile et par vent
fort. Les penons plus près du guindant sont plus sensibles et doivent être
utilisés dans l'eau plate et vent léger.
Les penons
s'accrochent facilement - évitez donc de les installer trop près des coutures
de laizes. Si la paire de penons du bas n'est pas visible ou s'il est accroché,
utilisez la paire de penons du dessus.
La paire de
penons du haut doit être installée plus près du guindant que la paire de penons
du bas. Cette paire est principalement utilisée pour déterminer le bon vrillage
de la voile au largue.
Au largue…
Les penons sont
utilisés pour régler la voile. Le barreur barre au compas ou vers un point fixe
et c'est à l'équipage de régler sans arrêt les voiles pour que les penons
soient linéaires. Au largue, les penons du haut du foc sont un bon indicateur pour
trouver le bon vrillage de la voile qui, sans cette aide, est très difficile à déterminer,
surtout avec certains focs.
Si le penon au
vent se dévente, déplacez le point de tire du foc vers l'avant. Attention, il
faut vous rappeler que les penons ne servent que dans des conditions de vent
léger ou médium. Dans la brise, la gîte devient le principal indicateur et
l'excès de puissance doit être évacué par le vrillage de la voile. Le réglage
du foc au largue est toujours un compromis entre le haut et le bas de la voile.
C'est parfois un bon truc de déplacer le point de tire du foc à l'extérieur et
à l'extrémité avant du rail de façon que le penon supérieur au vent soit
laminaire. En principe, il est extrêmement difficile que les deux penons du
haut et du bas soient bons ensembles.
Les penons du
haut indiquent aussi la quantité de flexion de l'étai. Si le penon au vent
tremble tout le temps, c'est peut être parce que le haut du foc est trop creux
; essayez de raidir l'étai. Ne vous préoccupez pas des penons de chute lorsque
vous recherchez la bonne position du point de tire du foc - l'information que
vous allez en retirer pourrait bien être plus dommageable que bénéfique.
Si les penons sous
le vent tombent ou flotte vers l'avant, vous ne remontez pas assez. Pointez
alors plus ou bien choquez le foc.
Si les penons au
vent montent vers le haut, mais que le bateau ne gîte pas beaucoup, vous
remontez trop. Sur le bon cap, les penons monteront vers le haut toutes les 3
ou 4 secondes.
Les penons rendent la
conduite du bateau et le réglages des voiles bien plus faciles. Cependant, l'on
ne doit pas être obnubilé par eux : Si la coupe de votre foc est trop plate, la
meilleure vitesse est obtenue en barrant le bateau au près pas trop serré et
avec les penons sous le vent en partie déventé. Vous pouvez dans ce cas donner
du creux au foc en mollissant l'étai qui va se courber sous l'effet du vent
dans le foc. D'un autre côté, si le foc est trop creux (c'est ce qui se produit
sur toute voile à un certain point quand le vent force), Vous devriez barrer le
bateau de façon que les penons au vent montent vers le haut. Dans le vent fort,
il ne faut pas s'occuper des penons et plutôt barrer le bateau selon la gîte et
les conditions de la mer.
Sur les bords de la
voile…
Lorsque le vent
s'écoule le long de la voile, sa vitesse décroît du fait de la friction sur le
tissu. Ces couches d'air peuvent atteindre jusqu'à 5 cm d'épaisseur au milieu
de la surface au vent et dans la chute sur le côté sous le vent. Lorsque la
vitesse du flux de l'air décroît jusqu'à un certain point, les couches d'air se
séparent de la voile. Les penons renseignent sur le comportement des couches
d'air à différents moments et sur différentes parties de la voile. La
séparation des couches d'air se traduit par une perte de puissance et doit être
évitée à tout prix. C'est pourquoi les penons sont si importants et utiles, et
c'est aussi pourquoi l'on règle les voiles de façon que les penons soient bien
laminaires.
Les bulles de
séparation
On compare souvent
la voile à une aile d'avion. La voile possède pourtant une caractéristique aérodynamique
qui rend cette comparaison hâtive ou imprécise. Sur le bord d'attaque d'une
voile, le flux d'air se sépare toujours de la voile d'un côté ou de l'autre en
créant ainsi une bulle de séparation. Le bord d'attaque épais et arrondi d'une
aile ou de la quille d'un bateau, élimine cette séparation ce qui améliore l'efficacité
du foil considérablement.
Si le flux d'air
attaque la voile avec un angle trop fermé, il se sépare de la voile et forme
une bulle d'air. La bulle ressemble à un tourbillon où l'air tourne au même
endroit. Plus la voile est bordée, et plus la bulle est allongée. Le flux d'air
recolle à la voile derrière cette séparation. Selon la taille de la bulle et la
position des penons du bord d'attaque, ceux ci seront laminaires, ou se tortichonnent
bizarrement ou dans le pire des cas sont laminaires vers l'avant à contre vent.
Si l'on remonte trop, la bulle se forme sur le côté au vent de la voile. Cette
bulle au vent n'est pas aussi néfaste que la bulle sous le vent ; Dans le vent
fort, il y a toujours une bulle d'une certaine taille sous le vent de la voile.
Le bord d'attaque
de la voile a presque toujours une bulle de séparation sur un coté ou sur
l'autre, voilà pourquoi les penons d'attaque ne doivent pas être installés trop
près du bord d'attaque. Quand la voile est correctement bordée, et que le
bateau suit le cap idéal, les penons des deux côtés sont laminaires. La bulle
de séparation du bord d'attaque est très petite et change de côté en
alternance. Indépendamment de la bulle du bord d'attaque, le flux d'air peut se
détacher de la voile juste avant la chute de la voile sous le vent. La
turbulence ainsi formée fait que le penon de chute disparaît derrière la voile.
Pour plus de clarté, la taille des bulles est exagérée sur le croquis.
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