Tuyaux pour régler son 5o5 au près serré
D'après Ali Meller,
ameller@mcimail.com
A l'origine, cet article a été écrit en réponse à une question de Philipps Dale. (NdT : Ali a terminé 7ème aux championnats du monde 97 à la barre d'un superbe Lindsay USA7200 de 17 ans amuré à l'avant avec mât Proctor D et voiles North Sails coupées par Ethan Bixby en Floride)
Petit temps (vent de 0 à 8 noeuds - force 0 à 2)
- Voiles plates et on remonte au maximum dans le vent
Quête de 7,82 m ou 7,85 m (La quête est mesurée avec le mât droit, le décamètre hissé avec la drisse de grand voile et la drisse accrochée à sa position. On prend la mesure à l'intersection du tableau arrière et de la coque en passant au-dessus du tableau) (NdT le mât du bateau d'Ali est à 3,07 mètres de l'aiguillot de safran et l'axe de dérive à 3,62 mètres du même aiguillot). Les bateaux munis d'avaleur avant prennent une quête de 7,82 m alors que les bateaux amurés à l'avant prennent plutot 7,85 m . Attention, la quête se mesure toujours mât droit ou aussi droit que possible, utilisez le belier si c'est nécessaire. Vous ne naviguerez pas avec le mât droit mais vous prenez vos mesures avec le mât droit (même un peu de quête change considérablement la mesure de la quête).
Tension de haubans faible, en-dessous de 100 kgs ( Je voudrais dire que certains équipages naviguent avec beaucoup de tension pour aplatir le haut de la grand voile. Moi, j'aime conserver le guindant du foc peu tendu ce qui le rend plus facile à lire).
Le mât est précintré pour aplatir la voile, tout particulièrment l'entrée de la grand voile, car trop de creux dans cette partie de la voile referme la fente ou cheminée entre le foc et la grand voile. Je pense que le cintrage du mât est un point critique dans ces conditions de navigation. Si le cintrage est trop faible la grand voile est trop pleine et le résultat est que l'on remonte mal et que la vitesse est faible. Le cintrage optimum vous donnera la même vitesse que les autres et vous fera remonter un peu mieux. Trop de cintrage vous empêchera de bien remonter également. Observez combien les autres coureurs ont de cintrage avec les mêmes voiles avant le départ de la manche. Régler vous avec un autre bateau avant la manche et faites des réglages de cintrage.
Utilisez le hale bas pour contrôler la chute de la grand voile s'il y a lieu. Le penon du haut de la chute doit etre linéaire une partie du temps (Environ 50% du temps) Mais pas tout le temps. Plus l'eau est plate (moins de vagues ou de clapot), plus vous pouvez aplatir la voile et plus vous pouvez remonter dans le vent. La grand voile est au centre du bateau. Si le vent est ridiculement faible, relacher tout et essayer simplement de conserver le mouvement du bateau. Par très petit temps, le poids de la bôme referme la chute de la grand voile, ne prenez pas de hale bas, car celà ne ferait qu'aggraver le phénomène.
L'écoute de foc est raisonablement refermée mais pas au point de fermer la cheminée entre le foc et la grand voile. Je place un penon sur la chute du foc de façon à pouvoir le surveiller à travers la fenêtre de la grand voile. Je ne laisse jamais ce penon tomber sauf si j'essaye desperemment de me degager d'un concurrent sous le vent. Au cas où vous ayez bien aplati la grand voile, vous pouvez border le foc un peu plus que d'ordinaire.
Naviguez un peu gité et remontez beaucoup dans les risées (Les penons intérieurs du foc se soulevant une partie du temps) et bateau plat et remontez beaucoup moins dans les molles. Observez tout particulièrement les chutes des deux voiles. Dans toute risée, vous pouvez border un peu le foc de 2,5cms et tendre un peu la chute de la grand voile soit avec le hale bas soit avec l'écoute de grand voile. Relâcher le foc et la tension sur la grand voile dès que la risée mollit. L'équipier s'assied à l'intèrieur du bateau le plus en avant possible, le barreur aussi (contre les haubans) ; utilisez un stick téléscopique de façon à pouvoir vous asseoir très en avant.
Vent moyen (vent de force 2 à 3 soit 8 à 12 noeuds)
On commence à rendre le bateau puissant jusqu'à la puissance maximum, les voiles sont pleines et creuses et l'on remonte au maximum.
- Quête réglée à 7,82 m, les haubans sont tendus moyennement (NdT 130kg)
- Dès que le vent monte un peu et qu'il est presque possible d'utiliser le trapeze (Je parle pour un poids d'équipage standard), vous pouvez rendre le bateau plus puissant en relachant le cintrage et accroître la tension des haubans pour empêcher que le guindant du foc ne se courbe exagérément (celà empêche de remonter). Vous rendrez le bateau plus puissant plus tôt si vous êtes ralentis par des vagues ou du clapot court, vous le faîtes plus tard si vous evoluez dans des eaux très plates. Si votre équipier est au trapeze et le barreur assis sur le plat bord, vous devriez rechercher la puissance plutôt que de rechercher le réglage pour remonter au maximum. Les penons internes du foc volent vers le haut (ce qui indique que l'on remonte trop) moins de la moitié du temps (Vous ne remontez pas trop pour être certain que vous profitez au maximum de la brise). Remontez le plus possible cependant, car vous perdriez plus de terrain que vous ne pourriez en regagner en allant plus vite en ayant un peu abattu
- Le cintrage du mât est critique dans ces conditions, s'il y en a trop, vous ne remontez pas, trop peu et vous n'êtes pas assez puissant et ne remontez pas non plus.
- L'écoute de foc demeure à la même place que pour les petits airs, utilisez le hale bas pour empêcher la grand voile de vriller trop. La chute du foc doit être un peu plus ouverte pour s'adapter au creux avant plus important de la grand voile. La grand voile est centrée. Travaillez au rappel très fort pour garder le bateau plat dans les risées.
Vent établi (12-16 noeuds - force 4).
- Recherche du planning en naviguant au près serré (selon le poids de l'équipage)
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Le bateau commence à être trop puissant et il faut (déjà!) le soulager
On soulage le bateau en augmentant la quête 7,79 m (par le relachement de l'étai et l'accroissement de la tension sur les haubans) et en augmentant la tension du gréement ou alors en augmentant la tension du gréement et en relachant le bêlier (câle de mât) pour permettre au mât de se cintrer et donc d'aplatir la voile. Si vous ne pouvez pas prendre de quête, déplacer le point de tire du foc sur l'arrière. Ces modifications sont faites graduellement, au fur et à mesure que le vent forcit. Tendre de plus en plus le cunningham pour étarquer la grand voile le long du mât au fur et à mesure que le vent forcit. Tendre la bordure de la grand voile le long de la bôme. Vous faites tous ces réglages au feeling. Si le bateau n'est pas "dans la course", vous devez le soulager un peu plus, tandis que s'il est facile mais qu'il ne remonte pas autant que les autres 5o5s vous avez peut-être trop soulager le bateau. Surtout continuez à prendre du hale bas de plus en plus pour contrôler la chute de la grand voile et cintrer le mât. (NdT: la bôme n'est plus centrée voire même un peu au vent comme dans les petits airs mais au-dessus du plat bord sous le vent, le barreur travaille énormément la grand voile pour garder le bateau aussi plat que possible tout en negociant les vagues et le clapot)
Vent bien établi (20 noeuds et plus - force 5) (Là on commence à s'amuser un peu !)
Il faut planer furieusement en priorité
- Le bateau doit être fortement soulagé
- Encore plus de quête (7,72 m), encore plus de tension dans le gréement (si votre bateau le permet, vous pouvez aller jusqu'à 350kg et plus dans les haubans). Cintrez encore plus le mât. Si vous prenez de la quête il est inutile de deplacer sur l'arrière le point de tire du foc. Dans le cas contraire, deplacez le franchement sur l'arrière. Mettez beaucoup de hale bas. Tendre la ralingue de grand voile le long de la bôme jusqu'à la marque de jauge. Tendre le cunningham fortement pour étarquer la grand voile le long du mât (NdT et éviter que le creux de la voile ne recule exagérement). Relever la dérive un peu pour l'empêcher de pivoter et pour l'incliner vers l'arrière juste un peu. Jouer sur l'écoute de grand voile et la barre pour que le bateau continue à remonter. Le bateau doit tout le temps planer. Si vous heurtez une vague, laissez porter très légèrment et choquer la grand voile. Laisser le foc bordé sauf si vous êtes sur le point de chavirer. Si la grand voile fasseye beaucoup et que le haut de la voile est toujours plein (vous êtes en train d'essayer de relâcher l'écoute de grand voile) vous n'avez pas assez soulagé le bateau, vous devez prendre plus de quête et cintrer encore plus le mât. Vous devez tout faire pour régler le bateau tout en jouant sur la grand voile de façon à rester bien plat et à planer à toute vitesse. L'équipier et le barreur se recule sur l'arrière un peu. (NdT: on relève la dérive de façon à avoir un bateau toujours équilibré à la barre c'est à dire ni mou ni ardent et à réduire la gîte, il faut noter que la dérive due au vent est faible car on va vite par force 5)
Vent extrême (25-35 noeuds m- force 6 à 7 et plus). Oh les mecs, que la vie est belle !!!
On cherche à rester sur l'eau…
- Le bateau doit être soulagé au maximum
- La quête du mât est de (7,60 m à - 7,67 m). La seule limite à la quête est que les deux équipiers doivent pouvoir se faufiler sous la bôme au virement de bord. Le cintrage est maximum, la dérive est relevée encore plus. Vous mettez tout le cunningham possible. Le hale bas est au maximum (A ce stade, la voile vrillera quoique vous fassiez. Mettez toute la tension dans le gréement que vous pouvez oser. Jouer de la grand voile (vous êtes sans doute écoute choqué la plupart du temps et maintenez le bateau sur l'eau et planant furieusement à toute allure. Déplacez le point de tire du foc sur l'arrière encore plus. L'équipier et le barreur recule encore de plus de 30 cms. Essayez de maintenir le bateau le plus plat possible.
- Rappelez-vous surtout de relacher le hale bas et de relever la dérive avant d'abattre à la bouée au vent. (Sinon chavirage assuré NdT)
Voici quelques recommendations générales :
Ce sur quoi doit porter toute votre attention et ce que vous devez faire dépend des circonstances. Si le vent bascule sans arrêt, regarder et repérer les bascules et les risées sera bien plus important que d'essayer d'avoir la chute de grand voile absolument impéccable tout le temps. Si vous êtes en train de vous concentrer sur la vitesse du bateau, garder ceci à à l'esprit
- Jouer de l'écoute de grand voile pour maintenir le bateau plat - à moins que vous soyez par petit temps eau plate dans une risée là où un peu de gîte est plus favorable (merci Ethan pour la leçon!)
- Faites attention aux penons du foc -maintenez-vous dans la flotte.
- Concentrez vous sur les grosses vagues - changer un peu de cap pour les négocier en conservant la vitesse du bateau.
- Contrôlez la chute de la grand voile (avec le hale bas) et la chute du foc dès que la force du vent change - choquez l'écoute de foc et relachez le hale bas dans les molles, bordez les dans les risées.
- Habituez vous à la position de votre bêlier par rapport à la marque de jauge au-dessus du pont - C'est un repère facile pour vérifier combien de câle vous avez .
- Dès que vous commencez à prendre de la quête, mettez du bêlier pour éviter que le mât ne cintre trop. Laissez tel quel le bêlier tandis que vous prenez plus de quête.
- Prenez de la quête et soulagez le bateau à chaque fois que le bateau semble "coller à l'eau" (Trop de gite, et il est dur de garder le rythme, le bateau est ardent, il ne plane pas alors que les autres 5o5s planent)
- Demandez à votre équipier de vous indiquer la vitesse et le cap des autres 5o5s près de vous en comparaison du votre - "Machin abat plus et cela paye, nous devrions prendre un peu plus de quête…"
Ali Meller / ameller@mcimail.com
/ 703 414 4010 (o)
12205 Rowan Tree Drive
Fairfax VA 22030
Last updated April 20, 1995
Traduit de l'américain par JB Dupont le 10 octobre 1997 pour le site 5o5 français
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