Comment aller vite au portant dans les petits airs (sans planer)

Si nous adorons tous les bords de portant où on plane furieusement à toutes pompes, bien des régates se courent dans des coins où le vent léger est inévitable. Savoir aller vite au portant dans ces conditions peut être très important.

 

Traduit de l’américain par Jean-Baptiste DUPONT


La Sensation

Je crois que développer les sensations du bateau est en fin de compte la chose la plus importante à travailler. Le bateau essaye de vous dire comment le faire aller vite, vous devez l'écouter. La sensation c’est ce que la barre, la tension des écoutes vous communiquent et peut être aussi la sensation de vitesse que vous avez à travers les vagues. Alors qu'un bateau un peu ardent au près signifie que vous êtes bien dans le vent, un bateau mou ou ardent au portant signifie que vous créez des turbulences inutiles. Vous n'en avez pas besoin au portant, il faut donc prendre l'habitude de naviguer avec un bateau neutre. Tandis que de nombreux paramètres vont intervenir sur le comportement de la barre, en pratique c'est la position de la dérive, la gîte du bateau, et le placement avant/arrière que vous allez utiliser pour équilibrer la barre. Avec son tangon long et son grand spinnaker, le 5O5 a tendance à être mou quelquefois. Vous pouvez alors soit mettre plus de dérive, soit contre gîter au vent pour équilibrer le bateau.

Dès que je suis au-delà du petit largue, je relève la dérive suffisamment pour l'empêcher de s’orienter (Ali utilise une dérive type orientable). Je joue alors avec… un peu plus pour la puissance, un peu moins si le bateau donne l'impression de rester scotché ou dans la brise, si on est en surpuissance. Plus je me sens scotché, plus je relève la dérive. Je la remonte complètement pour rejoindre la bouée de vent arrière, par vent très léger et eau plate (si vous essayez cela, choquez complètement la grand voile et ramenez le tangon de spi au vent au maximum pour que le spi s'établisse à côté de la grand voile).

Par brise légère, nous nous plaçons en avant, peut-être pas autant qu'au près, mais presque. Au fur et a mesure que la vitesse augmente, nous nous plaçons un peu plus en arrière. A petite vitesse on recherche à réduire la surface mouillée en s'asseyant en avant et en recherchant à sortir de l'eau la partie arrière aplatie de la coque (des oeuvres vives) tout en immergeant la partie avant plus ronde et qui offre une surface mouillée plus faible. Au fur et a mesure que la vitesse augmente, et que les vagues sont de plus en plus importantes, nous nous replaçons en arrière pour allonger la longueur de la flottaison et permettre au bateau d'évoluer dans ses lignes d'eau.

Pendant les bords de largues serrés par vent très léger ou pendant le vent de travers ou au grand largue dans le vent léger ou médium, nous restons souvent assis sur la dérive comme des motards. L'équipier s'assied aussi en avant que possible et je m'assois devant le système d'écoute de grand voile contre l'équipier. Cela permet de maintenir le poids au centre du bateau et sur l'avant. Ce qui améliore les sensations et nous permet d'équilibrer la barre - voire même de faire tourner le bateau si nécessaire - en se penchant simplement d'un côté ou de l'autre.

Pour autant que le tangon de spi soit un peu ramené au vent, l'équipier peut voir le bord d'attaque du spi très bien et le barreur voit bien mieux ce qu’il se passe que s'il était assis sous le vent.

La tension des écoutes vous indique l'intensité de la force de propulsion que vous recevez. Si la tension est très faible sur le spi et la GV, la force propulsive poussant le bateau est très faible. Souvent les premiers signes d'une risée légère se manifesteront par un peu de gîte, un bateau qui devient un tout petit peu ardent et un léger accroissement de la tension de l'écoute de spi. Vous pouvez simplement incliner le bateau au vent, accroître la vitesse du bateau et abattre un peu avec la risée pour l'accompagner et en profiter plus longtemps.

Naviguer au portant dans le petit temps est une suite de compromis. Vous pouvez naviguer plus près du vent et aller plus vite ce qui vous donne du vent de vitesse qui accroît le vent apparent, mais au prix d'un accroissement de la distance à la bouée. En sentant le bateau et ses réactions, vous pouvez abattre tant que vous voulez sans perdre le flux du vent sur les voiles. Les compromis sont souvent très faciles si vous comparez votre vitesse et votre cap aux bateaux autour de vous.

Même sur un bord de petit largue, la ligne directe n'est peut être pas la plus rapide, vous irez franchement plus vite en naviguant un peu plus serré de quelques degrés, puis ensuite en descendant vers la bouée - vous irez alors plus doucement - mais seulement pendant une période de temps courte jusqu'à atteindre la bouée.

Communication

Les deux plus importants indices sont la barre et l'écoute de spi. A moins que la même personne ne tienne les deux - de fait une technique efficace dans certaines conditions - vous devez communiquer de façon que tous les deux, vous sachiez ce qui se passe. La première communication de sensation c'est l'équipier qui parle de la tension de l'écoute de spi avec le barreur.

"L'écoute devient légère, remonte un peu"

 

est une phrase typique tandis que l'équipier dit au barreur que le bateau a besoin de remonter pour aller plus vite et augmenter le vent apparent. De la même façon;

 

"La tension est bonne !"

 

est une invitation à abattre et à utiliser la vitesse et /ou la risée pour aller plus sous le vent à la marque.

Réglages

En principe, je ne change pas la tension du gréement ou le cintre du mât pour un bord de portant par vent léger ou médium. Même si elle est importante, la grand voile contribue beaucoup moins que le spi, et il vaut mieux consacrer son temps à naviguer et à sentir son bateau. Je relâche le hale-bas - En fait je l'utilise beaucoup pour essayer de maintenir la voile pleine et puissante sans déventer le haut et je détends le cunningham. Je ne touche jamais à la tension de bordure à moins que je sois trop frustré de ne pas avancer.


-Ali