Si nous adorons tous les bords de portant où on plane
furieusement à toutes pompes, bien des régates se courent dans des coins où le
vent léger est inévitable. Savoir aller vite au portant dans ces conditions
peut être très important.
Je crois que développer les sensations du bateau est en fin de compte la
chose la plus importante à travailler. Le bateau essaye de vous dire comment le
faire aller vite, vous devez l'écouter. La
sensation c’est ce que la barre, la tension des écoutes vous communiquent et
peut être aussi la sensation de vitesse que vous avez à travers les vagues. Alors
qu'un bateau un peu ardent au près signifie que vous êtes bien dans le vent, un
bateau mou ou ardent au portant signifie que vous créez des turbulences
inutiles. Vous n'en avez pas besoin au portant, il faut donc prendre l'habitude
de naviguer avec un bateau neutre. Tandis que de nombreux paramètres vont
intervenir sur le comportement de la barre, en pratique c'est la position de la
dérive, la gîte du bateau, et le placement avant/arrière que vous allez
utiliser pour équilibrer la barre. Avec son tangon long et son grand spinnaker,
le 5O5 a tendance à être mou quelquefois. Vous pouvez
alors soit mettre plus de dérive, soit contre gîter au vent pour équilibrer le
bateau.
Dès
que je suis au-delà du petit largue, je relève la dérive suffisamment pour
l'empêcher de s’orienter (Ali utilise une dérive type orientable). Je joue
alors avec… un peu plus pour la puissance, un peu moins si le bateau donne
l'impression de rester scotché ou dans la brise, si on est en surpuissance. Plus
je me sens scotché, plus je relève la dérive. Je la remonte complètement pour
rejoindre la bouée de vent arrière, par vent très léger et eau plate (si vous
essayez cela, choquez complètement la grand voile et ramenez le tangon de spi
au vent au maximum pour que le spi s'établisse à côté de la grand voile).
Par
brise légère, nous nous plaçons en avant, peut-être pas autant qu'au près, mais
presque. Au fur et a mesure que la vitesse augmente, nous nous plaçons un peu
plus en arrière. A petite vitesse on recherche à réduire la surface mouillée en
s'asseyant en avant et en recherchant à sortir de l'eau la partie arrière
aplatie de la coque (des oeuvres vives) tout en immergeant la partie avant plus
ronde et qui offre une surface mouillée plus faible. Au fur et a mesure que la
vitesse augmente, et que les vagues sont de plus en plus importantes, nous nous
replaçons en arrière pour allonger la longueur de la flottaison et permettre au
bateau d'évoluer dans ses lignes d'eau.
Pendant
les bords de largues serrés par vent très léger ou pendant le vent de travers
ou au grand largue dans le vent léger ou médium, nous restons souvent assis sur
la dérive comme des motards. L'équipier s'assied aussi en avant que possible et
je m'assois devant le système d'écoute de grand voile contre l'équipier. Cela
permet de maintenir le poids au centre du bateau et sur l'avant. Ce qui
améliore les sensations et nous permet d'équilibrer la barre - voire même de
faire tourner le bateau si nécessaire - en se penchant simplement d'un côté ou
de l'autre.
Pour
autant que le tangon de spi soit un peu ramené au vent, l'équipier peut voir le
bord d'attaque du spi très bien et le barreur voit bien mieux ce qu’il se passe
que s'il était assis sous le vent.
La
tension des écoutes vous indique l'intensité de la force de propulsion que vous
recevez. Si la tension est très faible sur le spi et la GV, la force propulsive
poussant le bateau est très faible. Souvent les premiers signes d'une risée
légère se manifesteront par un peu de gîte, un bateau qui devient un tout petit
peu ardent et un léger accroissement de la tension de l'écoute de spi. Vous
pouvez simplement incliner le bateau au vent, accroître la vitesse du bateau et
abattre un peu avec la risée pour l'accompagner et en profiter plus longtemps.
Naviguer
au portant dans le petit temps est une suite de compromis. Vous pouvez naviguer
plus près du vent et aller plus vite ce qui vous donne du vent de vitesse qui
accroît le vent apparent, mais au prix d'un accroissement de la distance à la
bouée. En sentant le bateau et ses réactions, vous pouvez abattre tant que vous
voulez sans perdre le flux du vent sur les voiles. Les compromis sont souvent
très faciles si vous comparez votre vitesse et votre cap aux bateaux autour de
vous.
Même
sur un bord de petit largue, la ligne directe n'est peut être pas la plus
rapide, vous irez franchement plus vite en naviguant un peu plus serré de
quelques degrés, puis ensuite en descendant vers la bouée - vous irez alors
plus doucement - mais seulement pendant une période de temps courte jusqu'à
atteindre la bouée.
Communication
Les
deux plus importants indices sont la barre et l'écoute de spi. A moins que la
même personne ne tienne les deux - de fait une technique efficace dans
certaines conditions - vous devez communiquer de façon que tous les deux, vous sachiez
ce qui se passe. La première communication de sensation c'est l'équipier qui
parle de la tension de l'écoute de spi avec le barreur.
"L'écoute devient légère, remonte
un peu"
est une phrase typique tandis que l'équipier dit au barreur que le bateau a
besoin de remonter pour aller plus vite et augmenter le vent apparent. De la
même façon;
"La tension est bonne !"
est une invitation à abattre et à utiliser la vitesse et /ou la risée pour
aller plus sous le vent à la marque.
Réglages
En
principe, je ne change pas la tension du gréement ou le cintre du mât pour un
bord de portant par vent léger ou médium. Même si elle est importante, la grand
voile contribue beaucoup moins que le spi, et il vaut mieux consacrer son temps
à naviguer et à sentir son bateau. Je relâche le hale-bas - En fait je
l'utilise beaucoup pour essayer de maintenir la voile pleine et puissante sans
déventer le haut et je détends le cunningham. Je ne touche jamais à la tension
de bordure à moins que je sois trop frustré de ne pas avancer.
-Ali