Dérives orientables

Cet article est paru sur le web américain a été mis à jour le 4 novembre 1997

Traduit de l’anglais par Jean-Baptiste DUPONT

Note du traducteur : Un de nos amis a fait l'acquisition d'un très beau 505 en bois Galetti construit en 1983 et j'ai été intrigué par le profil en parallélogramme de la partie supérieure de sa dérive. Notre ami Marcel nous a expliqués à quoi sert ce type de dérive qui, comme toutes les dérives de 505, pivote autour de son axe horizontal, mais aussi qui s'oriente selon un axe vertical ; le plan de la dérive est alors légèrement décalé par rapport à l'axe longitudinal du bateau faisant ainsi aller le bateau un peu plus vite et surtout le faisant remonter mieux. Etant donné que plusieurs équipages utilisent ces dérives performantes, il m'a paru utile de traduire cet article qui en expose le principe.

Un certain nombre de personnes ont demandé comment les dérives orientables fonctionnaient-elles. Le diagramme ci dessous devrait illustrer ce que c'est et comment çà marche.

Le dessin représente deux puits de dérive vus de dessus, chacun contient une dérive en position basse et une vue de dessus. Supposons qu'il s'agit du puits de deux bateaux qui naviguent parallèlement du bas du dessin vers le haut et bâbord amure.

La dérive du puits de gauche est une dérive conventionnelle, non orientable - on peut voir que ces deux côtés parallèles sont accolés contre les côtés internes du puits de dérive.

La dérive du puits de droite est une dérive orientable. La partie supérieure de la dérive, n'a pas ses deux côtés parallèles, le haut est plutôt un parallélogramme. Etant donné que le bateau navigue bâbord amure, la dérive reçoit une poussée du côté sous le vent (de droite à gauche sur dessin) et s'oriente vers le côté au vent dans le puits. La ligne de pivotement est en arrière du centre de poussée de la dérive. Les dérives orientables forment un angle par rapport à l'axe longitudinal du bateau.

Alors que des dérives pivotantes faisant un angle jusqu’à 4 degrés ou plus ont été fabriquées, les appendices Lindsay et Waterat qui sont les plus utilisés font un angle de 2,5 à 2,8 degrés.

Considérons la dérive due au vent de ces deux bateaux : La dérive sous le vent du bateau est fonction de la composante latérale de la force de poussée des voiles et de la surface et de l'efficacité de l'appendice. La coque n'a qu'un effet mineur. On estime que la dérive moyenne sous le vent est de 4 degrés, si bien que les deux bateaux du diagramme naviguent en fait vers la droite de la route parfaite de bas en haut.

Pour des conditions données de route, de météo, de mer et d'équipement, si l'on passe d'une dérive orientable à une dérive normale, l'angle de dérive ne changera pas. Ce qui va changer c'est que l'avant du bateau aura tourné vers le côté sous le vent d'environ 2,5 degrés. Autrement dit, l'axe du bateau est tourné vers le côté sous le vent de cet angle.

C'est là que les choses deviennent intéressantes… Le plan de voilure est lui aussi orienté 2,5 degrés sous le vent comme la coque. Il y a moins de turbulence sous la coque et l'on peut régler les voiles pour cette direction moins arrivée. On gagne ainsi en vitesse, le bateau se soulève plus. Du coup il remonte mieux et fait plus de cap. L'effet de planning croit comme le carré de la vitesse.

Le fait que la dérive ne soit pas tout à fait alignée avec le sens du déplacement du bateau dans l’eau produit en plus un effet de « lift » qui génère une force propulsive comme indiquée et une force latérale dirigée au vent qui s’oppose à la dérive due au vent dont on a parlé plus haut.

L'effet est particulièrement sensible lorsque le bateau accélère facilement, dans de l'eau plate.

Si vous essayez de remonter à peine plus avec ces bateaux équipés de dérives orientables, alors vous ralentissez et la dérive fait un angle plus grand avec le flux de l'eau.

La dérive orientable est le plus efficace dans les vents légers à médium et sur eau plate. Par vent fort, vous ne voulez surtout pas que la dérive s'oriente. Par chance, les dérives sont conçues de façon qu'en les remontant très peu, la partie supérieure de la partie immergée vient se caler sur les deux côtés du puits de dérive ce qui empêche la dérive de s'orienter.

Bien que Lindsay ne fabrique plus de dérives, un certain nombre de 505 américains sont dotés de telles dérives. Les dérives orientables sont fabriquées par Waterat Sailing Equipement à Santa Cruz, Milanès et White aux UK, JPH en France et par quelques autres.

Pour plus d'informations sur les dérives de 505, vous pouvez lire les deux articles de Eck Bransford parus dans Tank Talk magazine.