Cet article a été
écrit à l'origine en réponse à une question de Simon Lake sur le forum 5o5. Ali
navigue sur un 5o5 amuré à l'avant d'où l'intérêt de ce document pour
tous les bateaux gréés de cette façon. Ali a terminé 7ème aux championnats du
monde 1997 au Danemark.
Traduit de l’Anglais par Jean-Baptiste DUPONT
J'utilise un mât
proctor D avec des voiles North Sails Gulf Coast (coupées par Ethan Bixby,
ancien champion du monde de 5o5 en 1981). En Amérique du Nord, j'ai une bonne
vitesse dans toutes les conditions et tout particulièrement je suis rapide dans
le près par vent à la limite du planning, c'est à dire force 2/3. Par exemple
nous étions très rapides à Mount's Bay à chaque fois que le vent s'établissait
(Ce qui n'a servi à rien au cours des championnats du monde !). L'étai du
bateau est gréé à l'avant (c'est à dire que le foc est amuré à la proue du
bateau) et le spi est lancé depuis les bailles de chaque côté du mât. Le mât
est positionné à 3,05 m du tableau
arrière et l'axe de la dérive se trouve à environ 2,62 mètres du même tableau
(Je pense que c'est à environ 5 cm plus en arrière que les bateaux munis d'un
avaleur avec le foc amuré derrière celui ci.). Mes barres de flèches sont
situées à 3,15 mètres au dessus du pont (de haut de la marque sur le mât
marérialisée par une bande noire). C'est un peu plus haut que les européens je
crois, mais courant pour l'Amérique du Nord). Mes barres de flèches sont
environ de 43,2 cm de long et je positionne les barres de flèches environ 11,43
cm derrière la section arrière du mât. (Je fais la mesure entre le mât et un
fil fin tendu entre les extrémités des barres de flèches).
Dans les vents
légers, je peux utiliser beaucoup de tension dans le gréement ce qui aide à
pré-cintrer le mât; Dès que le vent forcit, je détends le gréement graduellement
en fonction de la brise qui monte. A pleine puissance, mais avant qu'il ne soit
nécessaire de soulager le bateau, j'apprécie la tension du gréement à la
tension du guindant de foc ; je veux pouvoir remonter (ce qui exige que le
guindant soit le plus droit possible avec les focs que j'utilise). Je pense que
je dois alors être entre 100 et 150 kg sur les haubans. Au fur et à mesure que
la brise monte, je continue à tendre les haubans. Dès que le bateau est scotché
au près, je prends de la quête pour le soulager. La quête normale pour moi est
de 7,82 mètres dans les vents légers jusqu'à ce que je commence à avoir besoin
de soulager le bateau. Je prends suffisamment de quête pour que le bateau soit
rapide et ne reste pas scotché.
La première fois
que je prends de la quête, je prends un peu de bélier pour éviter que le mât ne
se cintre plus. Ensuite, je me contente de relâcher l'étai et de tendre les
haubans, en prenant un peu de bélier de façon à prendre de la quête et du
cintre. La limite extrême de la quête doit être de 7,72 mètres (par 32 nœuds de
vent à Santa Cruz !). C'est rare que je navigue par autant de vent (A
Chesapeake Bay où je navigue, le vent est plus léger voir médium) ; Si je
pouvais passer sous la bôme, je prendrai encore plus de quête ; j'ai peut-être
500 kg sur les haubans à ce moment là.
Je prends très peu
de hale bas au début, puis j'en prends de plus en plus pour maintenir la
puissance dans le haut de la chute de la grand voile (cela tend à fermer la
chute qui s'ouvre exagérément sous l'effet de la force du vent). Quand le vent
souffle fort, je mets le maximum sur un rapport de 18 à 1. Si je dois choquer
la grand voile, et que le haut de la voile fait trop gîter, il est alors temps
de prendre encore plus de quête.
Je prends également
du cunningham pour soulager le bateau, et j'en prends parfois par petit temps
ou temps médium pour que la voile s'établisse mieux (Cependant je n'en prends
jamais beaucoup jusqu'à ce que le bateau soit trop puissant).
Je crois que l'idée
de base de ce gréement - qui est typique de la côte Est de l'Amérique du Nord -
est que le mât demeure droit latéralement parlant jusqu'à ce que le vent soit
très fort et que la charge sur le gréement et le hale bas force un déversement
sous le vent du haut du mât, ce qui, en retour, déplace légèrement au vent la
partie médiane du mât. Les barres de flèches un peu plus longues limitent le
déplacement au vent de la partie médiane du mât.
Il se peut que je
navigue avec un mât qui a moins de quête que les Européens, cependant j'ai
remarqué que Simon Lake ne prend pas autant de quête que ce qu'indiquent les
mesures de Ian Pinnell.
Je crois que je
navigue avec un mât plus droit d'avant en arrière que la plupart des Européens
(mes barres de flèches son plus en avant, et j'utilise le bélier pour contrôler
la partie basse du cintrage du mât), mais j'ai moins de courbure de guindant à
ma voile en contrepartie.
Pendant des années,
les bateaux américains ont utilisé des points de tire d'écoute de foc réglable
d'avant en arrière ou de haut en bas, sans réglage intérieur - extérieur. Cela
change rapidement. Nous avons ajouté un barber hauler simple à Mount's Bay, que
nous l’avons utilisé dans l'une des deux courses par vent fort du pre-world
(j'ai cassé la barre au cours d'un empennage dans la « manche de l'année »
et nous n'avons pas terminé). Notre vitesse au près dans les autres manches de
vent fort était excellente, avec les points de tire de foc placés à l'extérieur
(une fois que la brise s'était établie). Depuis je ne me suis pas habitué à ce
réglage, j'essaye en fait de régler le bateau comme j'en ai l'habitude puis je
déplace un peu vers l'extérieur le point de tire du foc dès que je dois
beaucoup choquer la grand voile. Je crois que je n'aurais pas besoin de prendre
autant de quête si je bordais plus à l'extérieur le foc, mais je n'en suis pas
sûr encore.
Après avoir écrit
tout cela, peut être que cela donne l'impression que je sais de quoi je parle,
je dois avouer que j'ai posé beaucoup de questions à des gens comme Ethan Bixby
(ancien champion du monde) et Larry Turtle (qui fabrique les bateaux chez
Waterat) et à d'autres super 5O5istes, et j'ai simplement essayé de faire ce
qu'ils suggéraient. Je crois que j'ai développé des sensations qui font que ce
gréement marche pour moi, sans nécessairement bien le comprendre.
Je devrais faire
une matrice comme tout le monde semble le faire, mais jusqu'à présent, je le
fais au feeling. Quand je sens que c'est bien, je suis très rapide tout en
remontant très bien….) Je voudrais sentir que c'est le cas tout le temps…!!!
Ali Meller