D'après
Nick Trottman (Champion du monde en 1998 à Hyannis avec Mike Mills au
trapèze)
Ttraduit de l’anglais par Jean-Baptiste
Dupont.
Parce qu'il y a
tant de choses à régler dans un Cinquo, il est facile d'oublier l'importance
capitale de la parfaite maîtrise du bateau. Par exemple, une série entière peut
se jouer sur le dernier virement de bord alors que deux bateaux vont couper la
ligne d'arrivée. Même si je n'ai sans doute que très peu pratiqué dans ce
domaine si je me compare aux grands maîtres de la série, je pense que je sais
de quoi je parle et ce qu'il faut faire pour progresser. La clé de la réussite
réside dans la simplification de chaque tâche et du rôle de chacun, puis il
faut s'entraîner jusqu'à ce que cela devienne instinctif. Comme c'est le pied
de naviguer en Cinquo, c'est aussi le pied de s'entraîner… Imaginez un peu que
nos bateaux soient des péniches ou pire des habitables…
L'aptitude à faire
régulièrement des virements bascule peut être un moyen déterminant dans une
régate. Il y a trois principes essentiels pour bien virer de bord : timing, le
coup de barre et le réglage des voiles. Un timing parfait suppose une
coordination entre le barreur et l'équipier qui doivent faire rouler le bateau
en même temps. La seule manière d'atteindre ce but est de pratiquer, ce qui est
marrant et devrait donc être facile. Le bon coup de barre pendant un virement
de bord peut véritablement vous faire gagner au vent et en vitesse. En
commençant votre virement de bord doucement et gardant le timing, vous
arriverez à gagner au vent et à conserver la vitesse pendant le virement de
bord. Cependant si vous naviguez à Santa Cruz (où il y a du clapot comme à
Penestin), virez plus vite et concentrez-vous plutôt à relancer le bateau sinon
vous allez rester planté. La chose la plus importante dans un bon virement de
bord c'est le réglage des voiles. Au début du virement de bord, vous aplatissez
la voile car votre vent apparent se déplace vers l'arrière du fait de la
giration et que vous cherchez à profiter au maximum du vent, puis vous la
relâcher alors que vous passez le lit du vent, ensuite vous la bordez en
faisant le roll, ce qui donne un coup de pompe supplémentaire qui va vous
donner un peu plus de vitesse.
Ensuite la manœuvre
cruciale est de bien établir le bateau au début du bord de largue. Dès que vous
avez viré la bouée au vent, il est bon de remonter un peu pour se positionner
au vent de la flotte, cela dépend du nombre de bateaux autour de vous à ce
moment là. Mike (Mills) et moi-même avons simplifié nos tâches à ce moment
précis si bien que nous avons chacun trois choses à faire. Le barreur relâche
d'abord le hâle bas alors que le bateau vire la bouée, puis il abat et hisse le
spi, une fois le spi hissé, il saisit le bras et le met au taquet ; l'équipier
pendant ce temps et une fois qu'il est descendu de sa position de trapèze,
relève la dérive, installe le tangon et enfin se saisit de l'écoute de spi et
la borde et remonte au trapèze. Sur les bateaux à avaleur, la manœuvre est un
peu plus facile, mais nous n'en avons pas encore l'expérience.
Alors que vous
approchez de la bouée d'empannage, il est important de rester à une longueur de
bateau de la bouée. L'empannage doit se faire juste avant la bouée ou pendant
que le bateau la contourne, cela peut paraître trop tôt mais c'est
indispensable pour défendre la position au vent. Le rôle du barreur est de
mettre la voile au taquet de façon à laisser assez de place pour permettre au
tangon de rentrer sans être pris dans le câble du hauban ou de celui du trapèze
sous le vent, puis alors que l'équipier se décroche du trapèze, le barreur
prend l'écoute et maintient la vitesse du bateau pendant l'empannage, tandis
que la bôme traverse le bateau, il laisse l'écoute et il saisit le bras qui
devient la nouvelle écoute tout en traversant le bateau puis la repasse à
l'équipier une fois qu'il ont terminé la manœuvre. L'équipier a beaucoup plus
de choses à faire, d'abord il relâche le tangon, puis il fait passer la bôme de
l'autre côté tandis qu'il ajuste les barbers, puis il remet le tangon et sort
au trapèze en se saisissant de l'écoute que lui tend le barreur.
La dernière manœuvre
est l'affalage du spi qui peut se faire de plusieurs façons selon les
conditions et la façon dont le spi rentre dans le bateau (bateaux à avaleur ou
sans). La base d'un bon affalage est le parfait timing : de telle sorte que
tandis que le spi est rangé et que le tangon est rétracté, l'équipage se met au
rappel et que le bateau vire la bouée, prêt à effectuer le prochain bord.
En simplifiant les
rôles et en vous entraînant intensivement avec d'autres bateaux autour des
bouées, vous allez progresser énormément votre maîtrise du bateau et votre
confiance. Le moins vous avez à réfléchir à vos manœuvres, le mieux vous pouvez
vous concentrer simplement sur la tactique, et c'est bien le plaisir de ce
sport .
Je vous souhaite de
bien vous amuser.