Challenge Marcel Buffet – 17-18 avril

 

Le Challenge « Marcel Buffet ». Comme nul n’est prophète en son pays, ce sont nos amis belges, du club de Hofstade, qui ont créé une régate du circuit cinquo qui attribue le challenge « Marcel Buffet ». Ils lui ont donné une couleur locale car ce challenge est une réplique plus vraie que nature du manekenpiss célèbre à Bruxelles. La réplique est qui plus équipée d’un petit tuyau qui se connecte - je vous laisse deviner où - et qui permet de se servir à boire du rouge bien français et « cacheté » bien entendu.

 

Le Challenge se coure cette année au SNEH à la Plate Taille dont le plan d’eau, réputé pour son vent capricieux, ne peut que sacrer un barreur expérimenté et talentueux. J’aime bien ce plan d’eau, compliqué à souhaits où il faut tout à la fois un bon sens de l’observation, un talent évident de tacticien et une bonne dose de chance aussi. Mais surtout parce que c’est chez madame Derselle que je vais aller loger. Madame Derselle est dans cet age merveilleux où le temps n’a plus de prise, elle se passionne pour les plantes d’intérieurs, les poissons à qui elle va dire bonjour tous les matins, les belles choses, dont une collection de pendules merveilleuses... Imaginez une nuit chez Madame Derselle, 30 pendules, pas une de moins, vous indiquent la demi-heure (30 coups) et à minuit pas moins de 360 coups de carillons vous accompagnent dans vos souvenirs les plus anciens... Madame Derselle et ses quelques chambres amoureusement décorées pour faire de cet accueil un moment dont vous vous souviendrez toute l’année est sans doute l’un des vrais trésors qui se cachent à Silenrieux près du barrage de l’Eau d’Heure à la Plate Taille.

 

On n’était pas assez nombreux pour disputer ce challenge cette année - la proximité de Cavalaire qui avait fait faire beaucoup de kilomètres à toute la flotte la semaine précédente y est sans doute pour beaucoup bien sûr et pourtant il y avait plus de vent à la Plate Taille cette semaine qu’en méditerranée - imaginez un bon force 3 avec trapèze quasi permanent samedi et la vrai baston dimanche... oui du Mistral enfin tout comme ! Samedi on a couru 3 manches et demie... sur un parcours olympique triangle saucisse (dixit les englishs) plutôt bien mouillé ce qui est un challenge dans le challenge à lui tout seul sur ce plan d’eau, au passage... Pendant que je vous écris ces lignes, la première horloge déclenche les 10 coups de dix heures,... on est partit pour 290 coups supplémentaires, Marcel qui loge dans la chambre voisine n’en a cure, il dort comme un bébé la fenêtre ouverte sur le champ où dorment les moutons...

 

Le vent était établi au 235 environ avec une tendance au backing - cela a permis de mouiller un parcours dans la diagonale du lac - donc assez long. Le départ de la première manche est donné - on doit contourner les bouées à tribord, ce qui est plutôt inhabituel et la ligne paraît très bâbord, encore qu’une saute de vent change les données dans les dernières 10 secondes... les frères Noclain (Philippe et Jean-Pierre) prennent un très bon départ, ils ont à leurs trousses deux équipages belges, tout nouveau dans la série, les frères Hardy (3 frères) anciens du Fireball, et qui découvrent le cinquo, nous suivons pas très loin - on est très gêné car notre grand voile ne tient pas en haut - le hook que j’ai fait installé ne « prend » pas et la voile tombe lamentablement et la bôme dans le bateau... pas très performant - alors avec un nœud on maintient la GV à 4cms du haut du mât tant bien que mal... Belle bagarre en tous cas sur ce premier bord, à la bouée, Noclain vire en tête, on le talonne, les belges Hardy/Crets suivent, puis Marcel, et Jean-Marc Noclain sur ses talons pour un bord de spi animé... j’ai mal gréé le spi et voilà qu’en l’air un élastique de rappel l’empêche de gonfler.. On affale, regrée correctement et renvoie en surveillant les poursuivants de près... et par chance on ne perd pas de place... au second bord Philippe et Jean-Pierre assurent et nous contrôlent pour maintenir l’écart, derrière tous les concurrents sont très groupés, spis dans spis et à la faveur d’une bouffe ils recollent un peu. On passe la bouée sous le vent puis suit la remontée sans changement - au vent arrière on a 50 mètres de retard sur les frères Noclain qui ont pris de bonnes options dans ce bord - on se concentre et naviguent dans les risées puis on cherche à déventer les frères qui souffrent de nous voir revenir ainsi, à la bouée on parvient à faire l’intérieur puis à contrôler jusqu’à la ligne d’arrivée pour leur chiper la première place qui leur était promise à la faveur d’un contrôle de plus en plus serré.

 

La deuxième manche est partie, nous prenons un très bon départ bâbord en passant devant tout le reste de la flotte qui a choisi la bouée, les choses s’annoncent donc bien. Marcel dont le flair est inné, prend la gauche du plan d’eau, les frères Noclain le centre... et à la bouée au vent Marcel qui a su exploiter un couloir de vent large de 20 mètres à peine prend le large, les frères Noclain sont distancés mais second, les deux équipages belges, les frères Hardy et Hardy/Crets se sont intercalés, nous suivons et sur nos talons Jean-Marc qui a fait une très belle remontée. Sous spi la pression est meilleure au dessus, on en profite et nous fondons les frères Noclain et nous sur Marcel qui se défend comme il peut pour nous empêcher de le passer - on a 2 forces de vent de mieux que lui... - et il voit sa confortable avance fondre plus vite que neige au soleil... le second bord est enquillée très vite car il est court... à la manœuvre, les frères Noclain font un sans faute, Marcel qui a affalé plus tôt passe second et nous qui coinçons le spi à moitié affalé faisons 30 mètres de trop pour récupérer la voile précieuse sans la déchirer, ouf... La remontée au près puis la descente au vent arrière ne changeront rien, mais à la dernière remontée, Marcel passe les frères Noclain et nous finissons 3 en ruminant les erreurs que nous avons commises...

 

Le comité lance la troisième manche, la température s’est bien rafraîchie, il n’est pourtant que 3h45 mais pendant la dernière manche le front froid est passé et à transformer une journée agréable et ensoleillée en une journée d’avril vraiment fraîche... On part tous tribord, on est au dessus mais notre cap n’est pas très bon, et, c’est mon défaut, je ne me sens pas à l’aise dans cette position où l’adversaire immédiatement dessous pointe très haut pour vous sortir...Alors nous virons et prenons seuls le côté droit - la météo a annoncé un viring, ce devrait par conséquent être bon... mais au lieu de cela le vent oscille - au prochain croisement on est bien groupé, Marcel une fois de plus mène le pack, suivi des frères Noclain, des belges et de nous-mêmes. A l’envoi du spi on a déjà refait une partie de notre retard, le bord de spi est très serré et Marcel se bagarre avec talent pour conserver le lead alors qu’on lui colle aux trousses... c’est à l’empannage qu’on le passe, Marcel est équipé de Xavier, un jeune aspirant au cinquo, qui vient tâter ce que c’est que de régater, il est au première loge mais manque de pratique parmi tous les bouts qu’il faut maîtriser à bord de YaZa. Les frères Noclains prennent les commandes suivis de Marcel et de nous mêmes - les autres sont un peu distancés car le bord de largue serré a fait des dégâts, notamment Jean-Marc Noclain et son valeureux équipier Bastien, qui surpris par une brutale saute de vent on pris le bateau sur la figure et chaviré dans la foulée - ils ont ensuite sagement abandonné pour se réchauffer car l’eau du lac n’est encore qu’à 8 degrés aujourd’hui et Bastien dans son shorty n’est pas vraiment armé pour affronter l’hiver qui s’est abattu sur le plan d’eau. Pendant que les malheureux se remettent de leurs émotions, on continue à tricoter à l’envers des deux leaders, et comme cela arrive parfois, on se retrouve en-tête pour le bord de largue, l’avance est suffisante pour qu’un contrôle suffise à nous permettre de franchir la ligne en tête devant les frères Noclain, très réguliers, et Marcel/Xavier suivis des équipages belges. Le comité a du prendre des mesures car le vent faisait un backing important, le parcours a été « remouillé » sans hâte, alors que la température a encore franchement baissé au point qu’on avait vraiment froid à attendre le mouillage du nouveau parcours.

 

La quatrième manche est alors lancée, pendant la procédure le vent fait le viring annoncé par la météo et en un bord du bateau comité on fait la bouée selon une procession que nous menons grâce à un très bon départ... Ceux qui ont choisi l’autre bout de la ligne ont 50 mètres de retard... énorme sur des parcours si petits... mais heureusement, la manche est annulée suite à la vigoureuse protestations des pêcheurs qui n’apprécient pas trop que l’on vienne naviguer à l’aplomb de leurs cannes à pêches pour virer les bouées que le comité à placer si près du bord... On est bien sûr un peu déçu d’une annulation dans une manche que l’on menait et qui promettait de conforter notre quête du « challenge » mythique, mais quand même bien content de pouvoir aller nous changer et nous réchauffer enfin.

 

Au bar, on apprend à faire mousser l’Orval, une bière délicieuse - chez nous on essaye de ne pas faire mousser la bière lorsqu’on la sert - et bien en Belgique « une bière sans mousse c’ un comme un pubis sans poil » me confiera-t-on au bar... de bien mauvais goût en somme ! Grâce à Yves Zeguin, qui sait nous recevoir, un repas tarif « spécial régate » est servi au club house, on bavarde, on se raconte mille fois nos aventures du jour et d’hier et on profite du sourire ravageur de Charlotte - la moitié de Xavier - qui a corrigé ses copies au soleil tout en nous regardant régater et qui a plein de choses à nous dire sur les coquilles qu’elle a relevées dans les copies de ses élèves... Dimanche matin, on se lève tôt chez Madame Derselle qui va nous servir un petit déjeuner pantagruélique qui commence comme c’est dimanche par une belle tranche de saumon fumée, suivie d’une omelette pour 4 (on est pourtant que 2), d’une platée de charcuterie accompagnée de fruit frais et de yaourts,... tout est très frais et délicieux et servi avec une gentillesse merveilleuse... Tant mieux car dehors cela souffle, le vent est surtout très froid.

 

A l’arrivée sur le parking rien n’y paraît, mais à l’autre bout les rafales balayent les caravanes et les campeurs sont réfrigérés par les bourrasques... le ton est donné. On grée et plusieurs bateaux se risquent sur l’eau, le départ de la berge est chaotique dans un vent qui vient du ciel de haut en bas et très peu resteront sur l’eau, les dessalages se succèdent au gré des bourrasques qui s’abattent sur le plan d’eau - le comité souffre, car le bateau dérape et pendant une heure les tentatives de mouiller la ligne sont vaines, nous ne sommes plus que trois sur l’eau... finalement, manquant de courage, on rentre pour se mettre au sec. Le départ est pourtant enfin donné, pour un parcours réduit, 2 bateaux prennent le départ, les frères Noclain et Harcy/Crets. Les frères Noclain remportent la dernière manche en restant tout du long debout ce qui est un exploit à lui tout seul. Le comité se ravise et décide d’abandonner la partie, la régate est terminée, du moins sur l’eau.

 

Sur le parking on a déjà rangé les bateaux sous la pluie intermittente. Finalement tout le monde se retrouve autour de bières délicieuses, d’un déjeuner solide puis c’est le tour de la remise des prix, toujours sympathique et drôle au SNEH. Marcel en rajoute en présentant le trophée et ses attributs (hors jauge paraît-il ?). Tout le monde est réchauffé dans cette atmosphère chaleureuse et dans ce bar convivial. Rendez vous au mois d’Août pour l’Europa cup à Nieuwpoort et en Septembre pour l’Open de Belgique à la Plate Taille. Merci à nos hôtes qui ont bien fait les choses pour notre plaisir.

Résultats

1 FRA 8705 Dupont/Vallaud CV Paris 5 pts
2 FRA 8742 Noclain Philippe/Jean-Pierre CVV 5 pts
3 FRA 8676 Buffet/Condroyer CV Paris 9 pts
4 BEL 7979 Hardy/Crets CNV 9 pts
5 FRA 8688 Blondy/Chabaud CVV 16 pts
6 BEL 8062 Hardy François et Vincent CNV 19 pts
7 FRA 8770 Noclain/Douce CVV 20 pts