Grand prix de l’armistice, Maubuisson (10-11 novembre 2001)

 

Beaucoup de vent et de fraîcheur pour cette régate de clôture du calendrier, où 17 bateaux sont venus malgré le WE de 2 jours seulement ! Cependant, contrairement au championnat de France de Juillet dernier, nous avons eu droit à un soleil resplendissant tout au long de ces deux jours. Cela dit, le soleil était bas et le vent si glacial qu’il était difficile de sentir les rayons…

 

Malgré tout, nous avons eu droit à de superbes régates qui resteront dans les mémoires voire dans les anales compte tenu de ces conditions. Force 5 à 6 de Nord Est pendant toutes les manches sauf la manche 4 ou cela avait faibli à 4. Le premier jour on se tapait même quelques rafales à 7 (32 nœuds mesurés au club). Le tout avec des températures entre 0 et 5 °.

 

Arrivés de bonne heure le Samedi matin, on commence à gréer à l’abri des pins sans se rendre compte de ce qui nous attend. Nous sommes deux (Bob Fossard et moi même) à avoir amené nos grands spis, que nous exhibons avec fierté sur le parking. Aie, ça coince un peu dans l’avaleur. Il faudrait bouger les points de cargue. Dommage qu’on n’aie pas pu l’essayer auparavant… Marcel nous prend alors par la main pour nous amener jusqu’à la pointe cachée par le club. Là, nous découvrons le plan d’eau blanc d’écume, des creux de 50 cm qui viennent déferler sur la plage. Bon, et bien on va gréer l’ancien spi pour commencer !!

 

Sur l’eau, on est tout de suite pris par la froideur des embruns. On pensait que, compte tenu de l’été indien que nous avons eu jusque une semaine avant, l’eau serait toujours assez chaude. On imaginait même que les embruns dans la gueule nous réchaufferaient. Et bien on imaginait mal (Jérôme Delvaux et François Fisher qui étaient sortis Vendredi nous avaient pourtant prévenus). Le vent amène l’eau à sa température avant qu’elle n’atteigne notre visage. Houlà, ça va être dur !

 

Premier départ donné alors que seulement la moitié des bateaux ont bravé ces éléments. Et ça casse. Au premier près, ceux qui tirent à droite pour chercher l’adonnante due à l’effet de côte sont bien mals car il n’y a pas de fond à l’approche de la bouée. Le comité avait pourtant sondé autour de la bouée, mais un banc de sable (bien visible du reste sur les photos aérienne de Maubuisson) coupait la lay-line tribord. Il fallait remonter la dérive de moitié pour passer, alors même avec une adonnante, pas très efficace le près !!. Il fallait donc arriver bâbord sur la bouée pour limiter les dégâts. Mal partis et ayant tenté de nous refaire à droite, nous avons donc souffert en ce début de manche… Cependant, nous remontons petit à petit en doublant les épaves. Christian Sylvestre, équipé de Pierre Jean Gallo pour la circonstance, nous fait un superbe départ à l’abattée sur le premier largue, avant d’avoir pu mettre son spi et goûte l’eau du lac. Il en refera un autre avec le spi un peu plus loin mais cette fois, le mât n’en reviendra pas. Pendant ce temps, Fisher a mis son spi et se propulse en tête avant la bouée d’empannage, juste devant les Boyer. Fisher chavire à son tour sur le deuxième largue, ce qui tempère les ardeurs de ceux qui s’apprêtaient aussi à mettre le spi. Glacés jusqu’aux os, François et Jérôme rentrent à terre. Devant, la lutte va se passer entre les Boyer, Raguet et Fossard. Les Boyer sont cependant un cran au dessus et l’emportent aisément. Loyal était pourtant impressionnant de vitesse au début des ébats, mais il a disparu par la suite, ayant déchiré sa grand voile. Cependant, il est rentré à terre pour en changer et revenir à temps pour la deuxième manche.

 

Dans la deuxième manche du reste, l’équipage Rochelais Loyal-Ravet montre clairement ses intentions en prenant la tête et en se battant jusqu’au bout contre les Boyer pour la garder. Derrière, on trouve encore les mêmes, Raguet et Fossard se battant pour la troisième place. Nous faisons à notre tour l’expérience du bain forcé juste après l’empannage, mais nous finirons tout de même la manche bons derniers mais fiers d’avoir survécus…. Nous finissons dans le soleil couchant, et nous réalisons alors que tout compte fait, nous avons été si actifs que nous n’avons pas vraiment eu le temps d’avoir froid. C’est en arrivant à terre que nous réalisons à quel point il fait froid… Marcel nous trouve d’ailleurs les visages marqués.

 

Ce soir là, nous nous retrouvons dans un bon petit restaurant à Carcans pour ré-engranger les calories perdues sur l’eau. Le tout arrosé par le St Emilion de Jacques et dans la bonne humeur habituelle de notre classe. Nous débattons des règles régissant le droit de lof (Marcel, tu devrait mettre tout ça dans un article pour le prochain bulletin), de la meilleure façon de s’habiller sur l’eau, des mails libertins que Marcel reçoit sans cesse et de bien d’autres choses…

 

Le lendemain, confusion au tableau d’affichage, les Boyer étaient oubliés du classement de la seconde manche, ce qui mettait Raguet en tête au général… C’était bien une erreur cependant, qui sera vite rectifiée. Nous préparons les bateaux après avoir brisé la glace sur les tauds et dans les voiles car il gèle pour de bon…

 

Sur l’eau, les conditions sont toujours aussi dures et nous devons tenir trois manches cette fois. On s’attend à trouver un vent plus Nord que la veille mais il n’en est rein au début. Cependant la rotation se fera en cours de journée, favorisant l’option à gauche en règle générale. Nous en bénéficions du reste dans la manche n°3. Alors que la flotte tire plutôt à droite, nous filons à gauche pour revenir croiser devant tout le monde et passer la bouée en tête, juste devant les Boyer et Loyal. Boyer nous passe en hissant son spi plus rapidement mais nous le repassons à l’empannage. Cependant , Loyal se faufile et nous attaque. Nous le laissons filer en mettant le cap sur la bouée pour contrôler le reste de la flotte , mais il prend la tête malgré tout devant Boyer revenu sur ses talons. Ces deux là ne se quitterons plus de la journée du reste. Loyal impressionne décidément par sa vitesse, bien qu’il fasse un près très débridé, c’est efficace ! Nous arriverons à contenir les assauts de Fisher et Fossard pour finir 3ème  de cette manche.

 

La quatrième manche voit le vent faiblir un peu, à force 4-5. Et la lutte entre Boyer et Loyal plus que jamais serrée. Il se passe aussi de drôles de choses. Tout au long de la régate, il fallait faire attention à ne pas se tromper de bouée de largue car nous étions sur le même parcours que les Darts, mais ceux-ci virent une bouée jaune placée plus haut que notre bouée blanche. Lorsque nous entamons le largue, Loyal suivi de Fossard et Boyer foncent vers la bouée la plus à gauche des deux et pourtant ce n’est pas spiable. Bizarre. On cherche s’il y a pas une autre bouée plus loin dessous, en vain. En approchant, on voit Raguet, puis Veroul et Brotschi abattre franchement. On finit par comprendre : les Darts ont eu un changement de parcours. La bouée de droite est leur nouvelle bouée de près et elle est orange, celle sur sa gauche est la bouée jaune de leurs largues et la notre est bien dessous ! Veroul en profite pour s’intercaler en deuxième position tandis que Fossard rétrograde. Loyal et Boyer s’en sortent pas trop mal malgré le chemin en plus…. Au final, ils se retrouveront à nouveau tous deux devant à batailler. Loyal garde l’avantage de mois d’un mètre ! Quelle bagarre ! Pour nous qui avions une quatrième place en main, nous perdons deux places sur le dernier près pour avoir viré trop tard pour faire la ligne.

 

Dans la dernière manche, la bagarre des deux leaders continue dans un vent qui fraîchit à nouveau à 5-6. Cette fois, les Boyer arriverons à coiffer Loyal-Ravet  à l’arrivée, mais au général, il sont seconds d’un petit point. Fossard assure sa 3ème place au général en finissant 4ème de cette manche. Raguet-Dorenbecher nous coiffent sur le dernier bord, ce qui lui assure sa 4ème place au général . Veroul fait une belle manche en finissant 3ème et se retrouve à égalité de points avec nous (Goubault-Legeai) pour la cinquième place. C’est notre place de dernier de la deuxième manche Samedi qui nous met devant car les Veroul avaient abandonné suite à leur propres déboires… Derrière, on trouve les Brotschi, 7ième , qui avouent que ce n’est pas leur temps mais qui ont eu le mérite de finir toutes les manches. Fisher-Delvaux sont 8ème suite à leur abandon du premier jour. Ensuite, on trouve les courageux qui ont affronté ces conditions dans l’ordre De Lisle-Brillaud 9ième, Grandchamp-Seinlar 10ième, Roblin-Maidron 11ième et les Lasnier 12ième. Les autres inscrits ont préféré prudemment observer les ébats depuis la berge (où y ont été contraints par la casse). Ceci dit ils n’avaient pas forcément plus chaud….

 

Bravo donc à tous ceux qui ont survécu ce grand prix de l’armistice où la guerre était déclarée contre les éléments avant tout !

Un grand bravo aux nouveaux venus à la classe, les Rochelais Loyal-Ravet, qui signent là une victoire prometteuse. Et merci au comité de course toujours à pied d’œuvre pour nous offrir ces superbes régates. La tâche n’était pas facile car il faisait vraiment froid. Nous au moins on se réchauffait dans les manœuvres, mais eux, ils se gèlent sur leurs bateaux mouillés. Alors nous sommes bien reconnaissant à eux tous !…

 

En épilogue : on s’attendait à une intéressante confrontation entre grands spis et spis normaux, mais ce ne sera pas pour cette fois. Pourtant on avait de la bonne volonté, mais je crois que notre sagesse nous vaut d’avoir un mât en un seul morceau aujourd’hui. On attendra donc des conditions plus clémentes pour s’y mettre…

 

Philippe Goubault

 

Classement général définitif après 05 manches (moins la + mauvaise)

    nø voile   Equipage                       Club                  points     1   2   3   4   5
 
  1  8         LOYAL BERTRAND/RAVET DAVID                       S R ROCHELAISES                 5.00         DNC   1   1   1   2
  2  8431      BOYER ETIENNE/BOYER EMMANUEL              C V BORDEAUX                     6.00         1   2   2   2   1
  3  8353      FOSSARD ROBERT/PRETOT LUDOVIC             S N BANDOL                          15.00       3   4   5   4   4
  4  8266      RAGUET JACQUES/DOERENBECHER IV           C V BORDEAUX                     18.00       2   3   7   8   6
  5  8443      GOUBAULT PHILIPPE/LEGEAI JEROM              C V SAUMUROIS                    20.00       4   7   3   6   8
  6  8491      VEROUL FREDERIC/VEROUL JEAN JA              C N VASSIVIERE                    20.00       6 DNF   6   5   3
  7  8007      BROTSCHI YANN/BROTSCHI XAVIER                TOULOUSE O A C                  26.00       5   5   9   9   7
  8  8687      FISCHER FRANCOIS/DELVAUX JEROM             C V DE PARIS                        30.00       DNF DNC   4   3   5
  9  8133      DE LISLE FRANCOIS/BRILLAUD HER                 C V PYLA S/M                        47.00       DNC DNC  10  10   9
 10  8362      GRANCHAMP JEAN JACQUES/SEINLAR          C V BORDEAUX                     50.00       DNF   6   8 DNC DNC
 11  8508      ROBLIN LUDOVIC/MAIDRON SEBASTI              C N B P P                               53.00       DNC DNC DSQ   7  10
 12  8462      LASNIER ADRIEN/LASNIER GILLES                  C N GLENANS PAIMPOL         58.00       DNC DNC  11  11 DNF
DNA  8455      BUFFET MARCEL/LE MAUGUEN GAEL          C V DE PARIS                        72.00   DNC DNC DNC DNC DNC
DNA  8139      MALARET GUY/MALARET EMMANUEL          C N MAUZACOIS                    72.00   DNC DNC DNC DNC DNC
DNA  7563      MAUTIN CHRISTIAN/CHATEAU LUC                C V BORDEAUX                     72.00   DNC DNC DNC DNC DNC
DNA  8452      NOURAUD DANIEL/THIBAULT CYRIL               S R ROCHELAISES                 72.00   DNC DNC DNF DNC DNC
DNA  8716      SILVESTRE CHRISTIAN/GALLO PIER              C V BORDEAUX                     72.00   DNF DNC DNC DNC DNC